C’est le surnom que le couple Lehucher a donné aux 2 hectares d’anciennes terres agricoles dont ils ont fait l’acquisition dans la campagne de Châteaurenard.

À pied, en 15 min depuis le centre ville, il est possible de rejoindre cette « campagne ». En marchant au milieu des jardins, prairies et plantations,le dédale de terres agricoles ouvre, à l’ouest de la ville, son estuaire de cultures, rurales. Le réseau des canaux – où coule l’eau de la Durance – communique la vie en profondeur. L’irrigation se fait par inondation des terres. Résulte, ce milieu singulier. Sangliers, échassiers, moustiques, ici encore, peuvent s’enfoncer dans l’artifice humain. En arrière fond, le bruit de la circulation domine « jadis ». Chateaurenard était le verger de la France, aujourd’hui la plaque tournante logistique distribue d’avantage qu’elle cultive, les richesses… Les canaux et les haies de cyprès « brise vent » dessinent un parcellaire orthogonal. Les routes et chemins respectent cette logique spatiale : libérer le maximun pour la culture. Découle une qualité de circulation : cheminer à l’ombre en longeant les canaux. L’héritage précieux transmet son intelligence à ceux qui le pratique. Derrières les rangées d’arbres, les pressions foncières tonifient les enjeux d’espaces. Les Lehuchers ont choisi les arbres, les pierres et l’humour pour soutenir, à leur mesure, ce patrimoine de bocage : depuis 5 ans ils plantent des arbres, lèvent des pierres. La Grande Terre n’a pas de clôtures. Qui le désire peut déambuler parmi les hautes herbes, suivre les chemins de tonte, visiter un « peuple » de pierres debout.

Non institué, ni administré, le flou s’accompagne d’un respect des lieux. La « vérité » de ces monolithes – contours nets, intemporels, limites radicales – clarifie la situation : nous sommes « chez elles », les pierres. Soyez chacun le bienvenu. Un savoir vivre très lointain – quand les hommes, les arbres et les pierres grandissaient encore aux mêmes rythmes – fait remonter à la surface une profondeur, silencieuse. L’épiderme de nos existences cosmétiques – modernes et technologiques – désirant le cosmique…